Souvenez-vous, fin 2016 se déroulaient les Challenges PRINTARCH que nous avions du reste relayés ici.
Il y a quelques semaines, les lauréats de ce concours ont été annoncés. Parmi ceux-ci, un projet régional a été retenu sur le Challenge n°1 « Impression 3D d’une structure cimentaire », à savoir « Habiter sur-mesure » porté par Debarge & Bellaigue architectes et le Collectif Y{waï} en partenariat avec Rabot Dutilleul Construction.
Une équipe sur-mesure
L’atelier lillois d’architecture et d’urbanisme DEBARGE & BELLAIGUE héberge depuis 2016 le COLLECTIF Y{waï} composé de deux jeunes architectes, Emeric Raoult et Louis Rémy, qui – dans une démarche de recherche-action – travaillent sur le thème de la fabrication additive pour la construction. Ces concepteurs-architectes sont accompagnés par le groupe RABOT DUTILLEUL.
DEBARGE & BELLAIGUE travaille depuis longtemps sur la réhabilitation des maisons de ville de l’ère industrielle, dites « Maisons 1930 ». La Métropole Européenne de Lille, principalement constituée de ce patrimoine emblématique, estime à environ 40 000 de ces maisons en mauvais état (isolation, structure…).
Dans ce cadre, l’entreprise RABOT DUTILLEUL CONSTRUCTION, s’appuyant sur son expérience d’industrialisation de la construction, a mis au point un mode opératoire permettant de rationaliser la réhabilitation de ce type d’habitat individuel, nécessitant d’agir en site libre.
Le COLLECTIF Y{waï} identifie le chantier en site occupé comme frein principal à la massification de la réhabilitation de ces maisons. Dès lors, il propose une solution de relogement temporaire, qu’il considère comme un laboratoire associant la fabrication additive à grande échelle à l’expérimentation de nouvelles manières d’habiter.
Les origines du projet
« Habiter sur-mesure » propose la mise en place d’un habitat de transit, favorisant l’accélération du processus de réhabilitation des maisons de l’ère industrielle. Dans un cadre de production rationnalisée, le temps de réhabilitation d’une maison est estimé à six semaines.
Pendant ce temps, les occupants de la maison en cours de réhabilitation occuperont un habitat de transit, support de l’exploration de ce projet : l’impression 3D d’alvéoles à habiter. L’expérience technique et opératoire s’augmente alors d’une expérience sur des nouveaux modes d’habitat.
Le programme d’un habitat de transit permet d’éprouver les fonctions élémentaires d’un logement. Le Collectif Y se concentre donc sur trois besoins vitaux : se nourrir, dormir, se laver.
La forme de l’alvéole, conçue comme un abri moulé sur l’amplitude des mouvements de l’Homme, est fonction d’une machine, d’une matière, d’un mode opératoire, d’une structure et d’une manière d’habiter.
La solution proposée passe par l’impression d’alvéoles habitables dont la géométrie et la forme sont adaptées à des fonctions et des usages spécifiques. Ces alvéoles s’installent pour des durées limitées sur une structure autonome et constituée d’une enveloppe extérieure indépendante. L’intérêt de la solution porte également sur la proximité des logements à réhabiliter. En effet, l’idée du projet consiste à exploiter des angles de rues généralement disponibles pour y proposer une structure d’habitat temporaire à la fois moderne et capable de loger une famille complète et d’abriter tous ses biens à déménager.
Le projet est particulièrement innovant dans la mesure où seront expérimentées une innovation de concept et innovation sociale à travers l’expérimentation de nouvelles manières d’habiter. D’un point de vue technique, l’innovation porte sur la capacité de mise au point d’un système technique d’impression 3D de grands volumes dans une architecture globale inédite.
Les enjeux et soutiens de PrintArch
« PrintArch : Impression 3D pour l’architecture » consiste à soutenir des projets novateurs jusqu’à leur réalisation de démonstrateurs et prototypes à l’échelle 1 pour évaluer la maturité technologique. C’est aussi un moyen d’accélération sur la transition numérique, les technologies de conception et de fabrication additive ouvrant la voie à de nouveaux procédés et nouvelles solutions. Enfin, l’atout clé demeure la stimulation apportée par la fertilisation croisée de partenaires transdisciplinaires : Lafarge Holcim étant fournisseur de ciments spéciaux, Stäubli prêtant une solution robotique, entres autres.
Les porteurs du projet « Habiter sur mesure » bénéficie à ce jour d’un apport partenarial d’environ 300k€ pour concrétiser leur prototype de démonstration.
Les perspectives 2017 > 2020
Le projet est officiellement lancé et le Collectif Y en finalise les différentes étapes.
Dès ce mois de mai, le robot et la matière cimentaire seront livrés par les partenaires. « Nous entrons donc dans une phase d’un an visant à l’impression 3D de notre preuve de concept avec un démonstrateur sous la forme d’une alvéole échelle 1 (3m x 2m) à l’horizon mai 2018. Nous envisageons une structure complète assemblée et habitable d’ici 2020 » conclut Emeric Raoult.
Ils sont toujours à la recherche de partenaires locaux…si vous souhaitez en savoir plus ou participer activement à ce projet, contactez le Collectif Y{waï} : Emeric RAOULT & Louis REMY sur collectif.wai@gmail.com / 06.69.24.24.79