L’adoption des technologies, matériaux et processus de pointe par les entreprises doit s’accélérer pour que les pays puissent pleinement en concrétiser le potentiel en termes de gains de productivité. Telle est la conclusion d’un nouveau rapport de l’OCDE.
Selon ce rapport, le développement et la mise en œuvre des technologies est surtout l’apanage des grandes entreprises, mais même dans celles-ci, les nouvelles technologies sont sous-utilisées et pourraient apporter une contribution beaucoup plus importante.
Le rapport met en évidence les effets possibles de diverses évolutions technologiques dans la production – qu’il s’agisse de l’impact de l’impression 3D sur l’environnement (lire le chapitre ici), des systèmes numériques autonomes ou encore des dernières avancées de la biotechnologie industrielle.
Les pouvoirs publics doivent mobiliser le potentiel des progrès technologiques au service de la croissance économique, de l’amélioration des niveaux de vie et de la durabilité environnementale, tout en maîtrisant les risques et les perturbations qui accompagneront cette prochaine « révolution de la production », ajoute l’OCDE dans son rapport.
Les décideurs ont un rôle essentiel à jouer dans la mise en place des conditions propices à l’adoption des nouvelles technologies et à l’assimilation des nouveaux savoirs, en particulier dans les petites entreprises. Il leur faut agir sur de multiples fronts et notamment encourager le développement des compétences tout au long de la vie et une interaction plus étroite entre le monde de l’entreprise et l’éducation, améliorer les conditions de création et de développement des entreprises, et mettre à disposition les infrastructures dont les entreprises ont besoin pour utiliser les technologies numériques de pointe. Il est également essentiel d’appuyer l’intensification de la recherche et du développement technologique, et de créer des organismes chargés de favoriser la diffusion de l’innovation technologique.
Le rapport de l’OCDE, intitulé « The Next Production Revolution: Implications for Governments and Business » indique que même dans les économies les plus avancées, la diffusion des technologies peut être lente ou partielle. Il cite ainsi une enquête réalisée en 2015 auprès de 4 500 entreprises allemandes, qui révèle que seulement 4 % d’entre elles avaient alors mis en œuvre des processus de production numérisés et connectés ou envisageaient de le faire.
Le potentiel productif des nouvelles technologies est illustré par des estimations faites au Japon, selon lesquelles l’utilisation des données massives et de l’analytique de données dans certaines entreprises manufacturières permettrait de réduire les coûts de maintenance de près de 5 000 milliards JPY. Des économies d’électricité de plus de 50 milliards JPY pourraient également être réalisées. De plus, les premières applications de l’intelligence artificielle dans les centres de données se sont traduites par d’importantes économies d’énergie.
Des estimations concernant l’Allemagne indiquent que l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) de pointe dans l’industrie pourrait faire augmenter la productivité de 5 % à 8 %. Ce sont les fabricants de composants industriels et les constructeurs automobiles qui devraient bénéficier des gains les plus importants à cet égard. Selon d’autres estimations citées dans le rapport de l’OCDE, une forte accélération de l’adoption des nouvelles technologies pourrait gonfler de 78 milliards EUR la valeur ajoutée des industries mécanique, électrique, automobile et chimique, de l’agriculture et du secteur des TIC en Allemagne d’ici à 2025.
Beaucoup d’entreprises tardent à adopter les TIC nécessaires pour effectuer la transformation numérique de la production industrielle. L’informatique en nuage, la gestion de la chaîne d’approvisionnement, la planification des ressources de l’entreprise et l’identification par radiofréquence (qui permet d’automatiser le suivi des processus et des objets) demeurent encore beaucoup moins répandus que les réseaux haut débit ou les sites web.
Le rapport cite également des recherches indiquant que les technologies qui améliorent la productivité font disparaître des emplois dans certains cas et en créent dans d’autres, mais que dans l’ensemble, leurs effets sur l’emploi et l’économie ont été positifs. Cela ne veut pas dire qu’il faut sous-estimer les perturbations causées par le changement technologique et les difficultés auxquelles sont confrontés les travailleurs qui perdent leur emploi par suite de cette évolution. Il est en effet essentiel de mettre en œuvre des politiques d’ajustement efficaces qui misent sur des systèmes efficaces d’apprentissage tout au long de la vie et veillent à adapter le marché du travail au choc des évolutions technologiques.
Dans sa présentation du rapport à Rome aujourd’hui, en présence de la Ministre adjointe italienne du Développement économique, Teresa Bellanova, la Directrice du Cabinet de l’OCDE et Sherpa du G20, Gabriela Ramos, a déclaré : « La prochaine révolution de la production présentera à la fois des opportunités et des défis. Les pouvoirs publics doivent se montrer proactifs dans la mise en place de politiques prospectives afin d’anticiper les transformations technologiques, atténuer l’impact des ajustements et tirer le maximum de cette révolution en devenir. ».
Le rapport sera également présenté aux dirigeants des pays du G7, lors du sommet qui les réunira à Taormina, en Sicile, les 26 et 27 mai 2017. Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE, y discutera du rôle de l’innovation en tant que moteur de croissance et de développement ainsi que des enjeux de la prochaine révolution de la production pour les pays en développement.